Zakspeed est une écurie allemande fondée en 1968 par Erich Zahowski. Longtemps présente en Supertourisme et en Endurance, cette formation a fait un passage discret en Formule 1 de 1985 à 1989. En 1998, elle songe à revenir dans la discipline et se positionne pour reprendre l’écurie Arrows Grand Prix. Avec un moteur Mécachrome inclus dans son offre de reprise, Zakspeed avait bon espoir de parvenir à ses fins. Ce ne sera pourtant pas le cas. Retour sur ce projet avorté.

Un an après son retrait officiel des circuits, Renault est resté présent en Formule 1 avec la fourniture de ses moteurs distribués par son partenaire historique Mécachrome. La société québécoise signe un accord en 1999 avec Super High Performance pour la distribution de ses moteurs Renault. Cette entreprise, plus connue sous le nom de Supertec, est basée en France et a été fondée par Flavio Briatore, avec le concours de Bernie Ecclestone, également partenaire. Après avoir conclu avec les équipes Williams, Benetton et BAR, Supertec a la volonté d’agrandir la famille à quatre écuries.

Pour ce faire, plusieurs structures sont visées, dont Minardi et Arrows. Cette dernière suscite un vif intérêt avec d’importantes manœuvres opérées en coulisse pour assurer son avenir. C’est au cours du mois de novembre 1998 que les premières spéculations émergent dans la presse à propos d’un rachat de la licence de l’écurie britannique par Zakspeed.

Les négociations portent sur l’acquisition des droits d’entrée au Championnat du Monde de Formule 1 pour la saison 1999, ainsi que de l’utilisation du châssis de la future Arrows A20, d’ores et déjà dans un stade avancé de son développement. Zakspeed devra de son côté monter une usine en Allemagne, mais l’entreprise dispose déjà d’infrastructures très abouties du côté du Nürburgring, et peut compter sur le soutien de plusieurs partenaires et notamment l’Etat allemand, désireux de dynamiser cette région.

C’est au cours du mois de décembre que le nom Mécachrome (Supertec) fait son entrée. Un accord est même annoncé par l’agence de presse SID le 6 de ce mois, confirmant le rachat de la licence d’Arrows, l’utilisation de ce bloc moteur et la titularisation de Mika Salo et Toranosuke Takagi ! En réalité, rien n’est encore signé, mais Zakspeed fait appel à Flavio Briatore pour soutenir les négociations, en contrepartie d’une fourniture des moteurs Supertec. L’entreprise allemande fait face à un autre acheteur très fortuné, le Prince Nigérien Prince Malik Abo Ibrahim.


Zakspeed peut également compter sur le soutien de Bernie Ecclestone – qui dispose également d’intérêts chez Supertec -, en donnant à Arrows une avance des revenus liés aux droits de télévision pour aider l’équipe à terminer la saison 1998. Cette aide financière est conditionnée par la réalisation du rachat de la licence par Zakspeed et d’un accord avec Supertec.

Le propriétaire d’Arrows, Tow Walkinshaw, est toutefois dur en affaire, et fait monter autant que possible les enchères, d’autant que le Prince Nigérien Prince Malik Abo Ibrahim est bien décidé à y mettre le prix. Si la presse allemande persiste à affirmer qu’une Zakspeed-Supertec sera bien sur la grille de départ de la saison 1999, les cadres d’Arrows démentent et poursuivent les discussions dans un planning de plus en plus pressé avec le début des premiers essais privés dans quelques semaines à peine.

Finalement, la décision finale intervient au début du mois de janvier et va à l’encontre du projet Zakspeed-Supertec. Jugée plus intéressante financièrement, l’offre du Prince Nigérien Prince Malik Abo Ibrahim associé au fond d’investissement Morgan Grenfell Private Equity Ltd remporte la mise. L’accord Supertec n’est de fait plus d’actualité et c’est un moteur HART qui équipera les Arrows A20 en 1999.

L’Histoire montre finalement que cette décision a été catastrophique. Le Prince Nigérien Prince Malik Abo Ibrahim n’est qu’un imposteur et ne donne pas un centime. Ce non-paiement fini de tuer Arrows qui coulera sous les dettes avant même le terme de la saison 2002. Pour l’ironie, la seule éclaircie de l’écurie intervient en 2000, alors qu’elle utilise des moteurs… Supertec, avec une brillante septième place au classement des constructeurs. De son côté, frustrée de cet échec, Zakspeed met un terme à ses rêves d’un programme en Formule 1 et se recentre sur de nouvelles activités.