Projets abandonnés
Minardi-Supertec M02 2000

Formule 1 - Projets abandonnés - Minardi-Supertec M02 2000

Minardi-Supertec-M02-2000

Depuis 2014, la Scuderia Toro Rosso utilise des moteurs Renault pour propulser ses monoplaces, une première pour la structure de Faenza, habituée à des blocs Ferrari ou Ford. Pourtant, dans l’histoire de l’écurie autrefois appelée Minardi, plusieurs tentatives ont existé pour créer un partenariat avec le Losange. Dans ce dossier, nous revenons sur celui qui aurait dû aboutir à la formation d’une Minardi-Supertec M02 pour la saison 2000.

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3 mai 1999, Détroit, Ford Motor Company annonce la fin de son pôle client en Formule 1. Autrement dit, le géant américain cesse la vente de moteurs à bas coût (V10 Ford Zetec) pour se concentrer sur son écurie usine Stewart et son projet d’introduire la marque Jaguar dans la discipline. Deux formations sont principalement concernées par cette annonce : Benetton et Minardi.

La première cherchait le soutien d’un grand constructeur. Elle le trouvera avec Renault une année plus tard. La seconde était fournie par Ford depuis 1998 et s’attendait à disposer du bloc à l’anneau pour la saison suivante. La cessation de cette activité ne laisse à Minardi d’autres choix que de chercher un nouveau motoriste.

Les premières rumeurs autour d’un mariage avec Supertec arrivent rapidement après l’annonce de Ford. Dès le 24 mai 1999, plusieurs médias rapportent l’existence de discussions. Le motoriste français en charge de l’exploitation des moteurs Renault en Formule 1 souhaite un ou deux partenaires pour épauler Benetton, qui utilise des blocs rebadgés Playlife. Williams et BAR partis vers d’autres cieux, Sauber, Prost, Arrows et Minardi font part de leur intérêt.

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Mais de façon générale, le problème pour la petite Scuderia réside dans le coût d’un moteur, trop cher pour le faible budget de Faenza. L’une des solutions envisagée par Giancarlo Minardi est alors de vendre des parts de son équipe à Flavio Briatore, Président de Supertec, pour que l’italien prenne le contrôle de l’écurie. Ce n’est cependant pas l’avis de Gabriele Rumi, deuxième actionnaire de Minardi, qui a déjà stoppé un tel projet avec la société Fondmetal. C’est néanmoins le début des pourparlers.

Le 12 juillet 1999, Supertec assure ses arrières et signe un partenariat moteur avec Arrows Grand Prix pour la saison 2000. Avec Benetton et l’écurie britannique, le motoriste français soigne son budget et peut se montrer plus agressif dans ses négociations avec ses autres clients potentiels, à commencer par Minardi. Consciente de cela, l’équipe italienne engage en parallèle des pourparlers avec Ferrari.

L’idée de motoriser trois équipes comme en 1999 plaît toutefois à Supertec. Paradoxalement, la signature d’un partenariat avec Arrows a permis d’accélérer les choses avec Minardi. Début août, la presse assure qu’un accord tacite est trouvé avec Flavio Briatore. La structure de Faenza doit désormais réunir le budget pour financer le moteur estimé à 23M$. Minardi compte sur l’implication du géant de la téléphonie espagnole Telefonica et sur l’engagement d’un pilote payant Gaston Mazzacane pour parvenir à ses fins.

Il faudra cependant attendre le 18 octobre 1999 pour que l’accord entre Minardi et Telefonica se matérialise. Les termes du contrat ne sont pas dévoilés mais les portes sont désormais grandes ouvertes pour l’arrivée du V10 Supertec dans la prochaine M02. Le développement de la monoplace est d’ailleurs dicté par les spécifications techniques du moteur de Viry-Châtillon.

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Mais la finalisation de l’accord avec Supertec tarde. Minardi est approché par Daewoo mais protège en public ses intérêts avec Renault Sport en affichant de multiples démentis. Le développement de la voiture est bien avancé, ce qui rend la petite Scuderia vulnérable : elle est désormais à la merci de Supertec. Désireux de prendre le contrôle, Flavio Briatore profite de cet état de fait pour faire jouer ses intérêts. Il fait comprendre à la Direction de Minardi qu’ils ont le choix entre vendre des parts de l’équipe ou renoncer à l’accord avec Supertec. Nous sommes à la fin du mois de novembre.

Quelques jours plus tard, Minardi annonce la vente d’une partie de ses parts à… Telefonica ! Cette opération amène de l’argent frais à l’écurie qui sait que son accord avec Supertec a du plomb dans l’aile. La petite Scuderia n’a pas apprécié les agissements de son compatriote Flavio Briatore. Elle tente un coup de poker et se tourne vers Ford et propose un deal intéressant : récupérer les moteurs usines des Stewart-Ford de 1999 tandis que les Jaguar rouleront avec la spécification 2000. Minardi vante cette solution en affirmant que l’argent récupéré par cet accord permettra à Ford de financer son écurie officielle. Bernie Ecclestone est également à l’initiative de cette proposition. Après quelques jours d’hésitation, la marque à l’ovale bleu accepte et conclut un partenariat avec Minardi. Pour augmenter son budget, la petite Scuderia proposera avec succès à Fondmetal de renommer le moteur à son nom.

Conçue pour un bloc Supertec, la Minardi M02 sera finalement propulsée par un V10 Ford Cosworth spécification 1999, en portant le nom de " Minardi-Fondmetal ". Le pari de dernière minute lancé par Flavio Briatore aura donc brisé le partenariat " Minardi-Supertec ".