Douze ans après le dernier Grand-Prix d'une Williams-Supertec, au Japon, Williams et Renault sont de nouveau réunis à l'occasion de la campagne 2012. Les deux entités ont en effet décidé d'unir leurs forces dans le cadre d'un partenariat, portant dans un premier temps sur les saisons 2012 et 2013.

Mais l'écurie Williams d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celle des années 90. La période où la formation de Grove accumulait victoires et titres de champion du monde avec le losange est bien loin. Désormais, le point de la dixième place fait office de bon résultat et l'écurie tente tant bien que mal de s'assurer une certaine pérennité financière.

Neuvième avec seulement cinq points en 2011, Williams entre en 2012 dans une année de reconstruction. Refonte du département technique, investissements dans ses infrastructures et signature d'un contrat avec Renault sont autant de décisions qui doivent permettre à l'écurie de Grove de retrouver son niveau d'antan.

La FW34 est la première née du nouveau tandem Williams-Renault. À son volant, deux pilotes sud-américains, à savoir le vénézuélien Pastor Maldonado et le brésilien Bruno Senna. Les deux hommes ont jusqu'à présent obtenus des résultats en dents de scie mais ils apportent chacun des sponsors.

Au cours de l'intersaison, la monoplace britannique se veut discrète mais fait déjà preuve d'une excellente fiabilité. Le moteur Renault s'est parfaitement intégré à la voiture, une première victoire pour l'écurie.

Dès le début de saison, la Williams-Renault montre un niveau de performance inattendu avec une monoplace capable de se mêler à la lutte pour le podium. L'écurie de Grove doit toutefois jouer avec l'inexpérience de ses pilotes, Pastor Maldonado commettant de nombreuses erreurs en course, alors que Bruno Senna pêche en qualifications. La formation de Franck Williams parvient tout de même à inscrire régulièrement des points.

Le point d'orgue intervient en Espagne avec la victoire surprise de Pastor Maldonado. Parti depuis la pole position, le vénézuélien réalise une course parfaite pour cueillir un succès mérité, tant pour lui que pour Williams-Renault. Un succès hautement symbolique, obtenu à la régulière, témoignant par ailleurs des progrès accomplis par la formation britannique.

L'écurie de Grove se bat alors pour la sixième place du classement des constructeurs face à Sauber-Ferrari et Force India-Mercedes. Malheureusement, le manque de solidité de ses pilotes se paie durement face à des duos plus efficaces chez la concurrence. Bien que rapide et en mesure de signer des top six, la FW34 ne concrétise pas suite à des sorties, des accrochages ou encore des qualifications ratées. Les points perdus coûtent cher, si bien que Williams-Renault pointe à une pénible huitième position du classement des constructeurs absolument pas représentative du niveau de la monoplace franco-britannique que certains qualifiaient comme étant l'une des meilleures du plateau.

Ces nombreuses occasions manquées gâchent ainsi le bilan général de la saison 2012 même si, dans le fond, elle reste réussie. La victoire et le niveau affiché par la FW34 tout au long de l’année sont en effet de grands motifs de satisfaction et ouvrent la voie à de grandes ambitions pour l'avenir.

Des ambitions cependant rapidement refroidies par un hiver cataclysmique ! Victime de son jeune succès, l’écurie de Grove essuie le départ de ses plus importants cadres : Direction général, technique et commerciale, rien n’est épargnée et Williams-Renault doit préparer la nouvelle campagne avec une organisation modifiée de l’intérieur. Ces personnes avaient-elles senti le vent tourner ? On pourrait le penser…

Pourtant, les essais intersaisons rassurent. Pastor Maldonado et son nouvel équipier, le jeune et prometteur Valtteri Bottas, enchainent les tours et signent de bons chronos. À tel point que la presse, Williams-Renault et la concurrence parlent de victoire possible dès Melbourne.

Las, les essais du vendredi du Grand-Prix d’Australie donnent un tout autre constat : la FW35, évolution de la brillante FW34, est larguée. Les qualifications confirment cet état de fait : Valtteri Bottas est exclu dès Q1, Pastor Maldonado termine bon dernier de la Q2. Et la course n’offre rien de mieux.

Si l’on pensait que le circuit atypique de Melbourne est la cause de ce mal-être, les courses suivantes sont du même acabit. La FW35 est définitivement ratée et ce n’est pas le retour en Europe qui change la donne.

Il y aura bien sûr une petite éclaircie, au Canada, avec une brillante deuxième ligne de Valtteri Bottas, non-concrétisée en course, ou encore le point inscrit à la régulière au Grand-Prix de Hongrie avec Pastor Maldonado.

Mais il faudra attendre les deux dernières courses de la saison pour voir une Williams-Renault digne de ce nom. Incapable d’exploiter la technologie Renault dite " du soufflage ", l’écurie de Grove modifie les réglages de son auto et la métamorphose. On retrouve un air de 2012, du moins pour le pilote finlandais !

Valtteri Bottas se bat pour les points et rentrent dans le top 10 avec une huitième place au Grand-Prix des USA. Mais la réaction est trop tardive. Cinq points, cela permet juste à Williams-Renault de finir devant les jeunes écuries, à la modeste neuvième position. Pas digne du standing de cette association emblématique.

Celle-ci s’arrête d’ailleurs brutalement. Toto Wolff, alors actionnaire de l’écurie, est nommé Directeur Sportif de Mercedes-Benz Motorsport. Conflit d’intérêt en vue, l’écurie de Grove signe avec les allemands pour 2014. Une triste fin alors que l’accord de 2011 et la saison 2012 promettaient une aventure longue et riche en succès. Cela n’aura pas été le cas, mais gageons que le nom Williams-Renault n’aura pas fini de raisonner sur les grilles de départ dans les années futures… Les deux entités sont définitivement indissociables.