Le Groupe Renault par l’intermédiaire de sa marque sportive Alpine pourrait, à terme, faire son retour en Championnat du Monde des Rallyes WRC, ainsi qu’au plus mythique des Rallye-Raid, le Dakar. C’est en effet le souhait exprimé par son CEO, Luca de Meo, lors de la récente présentation de l’A522. Des implications qui s’inscrivent dans le cadre du développement du constructeur dieppois, appelé à devenir " un catalyseur " dans le monde du sport automobile. Voilà de quoi occuper Davide Brivio, le fraîchement nommé Directeur des projets compétition.

En grand passionné, Luca de Meo ne manque pas d’ambition pour Alpine. Au moment où sa vie série se développe avec la préparation d’un SUV, d’une citadine et de la remplaçante de l’A110 – tous électriques, illustration en bas d’article -, la branche sport automobile n’est pas en reste. En plus de la Formule 1, Alpine lancera en 2024 un programme officiel en Championnat du Monde d’Endurance WEC avec une LMDh " maison ", auquel pourrait s’ajouter une présence en IMSA aux Etats-Unis. L’activité piste de la firme dieppoise est complétée par de la compétition client s’articulant autour d’une A110 GT4 et Cup.

De fait, Alpine affiche une forte présence dans ce secteur du sport automobile, ce qui est moins le cas dans le domaine du Rallye. Pour autant, la marque y a fait son retour en 2020 avec un programme R-GT où l’A110 Rally a d’ores et déjà rencontré le succès, tant par ses victoires que d’un point de vue commercial. De son côté, Renault renforce également sa présence, avec la confirmation du lancement à venir d’une Clio Rally3, la première quatre roues motrices de l’Histoire du Losange. Elle vient s’ajouter aux versions Rally5 et Rally4 déjà disponibles et, elles aussi, jugées comme de grandes réussites.


" Les premiers essais arrivent dans quelques semaines ", confirme Benoit Nogier, le Directeur commercial de la compétition client de Renault, au site officiel du WRC. " Comme vous pouvez l'imaginer, nous découvrons encore un peu cette nouvelle catégorie, mais nous travaillons dur. Cette première quatre roues motrices conçue par Renault est une bonne chose. C'est bien de savoir que le Rally3 fait partie de l'avenir du Championnat du Monde des Rallyes et il sera intéressant de voir la comparaison entre cette voiture et la Ford [Fiesta Rally3]. "

Ces programmes " Clio " et " A110 Rally " offrent au Groupe Renault une incroyable opportunité pour emmagasiner de l’expérience et renforcer sa notoriété dans l’univers des rallyes. À terme, Luca de Meo voit plus grand, et se plaît à l’idée de revoir Alpine en catégorie reine, le WRC. À cela une condition, celle d’un championnat devenu électrique. Hybride depuis cette année seulement, une nouvelle réglementation est attendue à l’horizon 2025 où tous les types de motorisation sont étudiés. Cela coïncidera avec le lancement d’une déclinaison Alpine de la Renault 5, un format de véhicule identique à celui aujourd’hui utilisé.

" On est intéressé pour rejoindre le championnat du monde WRC, mais je voudrais le faire en électrique ! ", a ainsi annoncé Luca de Meo en marge de la présentation de l’Alpine-Renault A522, lundi 21 février dernier.


Le tandem Alpine-Renault a marqué de son empreinte cette discipline, en étant la première marque à remporter le championnat des constructeurs, c’était en 1973. Depuis, le Groupe a fait des apparitions et signé quelques succès, notamment avec la R5. Le trio Alpine-Renault-R5 dispose par conséquent d’une sérieuse légitimité pour un retour, et d’une cote d’amour certaine.

Luca de Meo ne regarde cependant pas seulement du côté du WRC. Le Dakar est également à l’étude et ici, l’électrique est désormais d’actualité. Avec un SUV en préparation, Alpine dispose du modèle pour initier un tel engagement. L’Histoire de Renault dans cette compétition est immense, avec de nombreux succès incluant la mythique R20 et les buggies Schlesser. Jusqu’en 2018, des Duster officiels étaient engagés grâce à la filiale Renault Argentina.

" Je veux aussi faire le Dakar ", a simplement ajouté Luca de Meo à ce sujet, sans en dire plus.

La vision du CEO du Groupe Renault est en réalité très claire. En impliquant Alpine dans toutes les compétitions majeures internationales, la firme au A fléché veut créer un écosystème autour du sport automobile et de sa marque, et ainsi jouer un rôle à chaque échelon de ce secteur, du professionnel à l’amateur. Entre autres, la compétition-client va ainsi se développer, le marché des pièces détachées aussi, tout en se donnant une forte puissance en matière de recherche et développement. C’était en quelque sorte déjà le cas avec Renault Sport, poussé ici à un niveau supérieur.


" J'ai toujours défendu l’émotion dans l’automobile, car cela se perd ", explique Luca de Meo pour le compte de Ouest-France. " Je ne veux pas que les voitures électriques se résument à des téléviseurs sur roues. Je veux défier ce préjugé, et nous pouvons le faire avec Alpine. Les véhicules électriques pourront se montrer passionnants. Alpine doit devenir une espèce de catalyseur du sport automobile en France, car c'est un secteur technique et de haute technologie qui crée de la valeur ajoutée et permet d'attirer beaucoup d'ingénieurs très pointus ".

" Essayer d’aller dans les différentes grandes catégories, attirer des investisseurs mais aussi des clients pour la compétition amateur : tout cela est important parce qu'il y a du business ! Moi, j’ai de l’intérêt à explorer, et c’est pour ça qu’on a nommé Davide Brivio sur le projet d’expansion ", ajoute-t-il.

C’est en effet le nouveau rôle de l’italien avec son poste de Directeur des projets compétition, après avoir évolué en Formule 1 pendant une saison. Il a l’avantage de disposer des fortes ambitions de son CEO, et de voir un plan produit se concrétiser. Chaque compétition semble ainsi correspondre à l’un des modèles, à condition de faire preuve de patience, car les nouvelles autos sont attendues à l’horizon 2024 et 2025. De quoi donner du temps pour évaluer et mettre sur pied ces programmes. En attendant, il faut s’imposer en Formule 1 et en Endurance, en évitant de se disperser. De cela dépend aussi la crédibilité de la marque sur les autres tableaux.