Au moment où Renault attaque sa dernière saison en qualité de motoriste, l’heure est à la satisfaction quant aux retombées de l’engagement du groupe français en Formule 1. En plaçant le nom Alpine en 2021, le groupe de Boulogne-Billancourt a bénéficié de l’exposition de la discipline pour accroître la notoriété de sa marque sportive frappée du A fléché. L’audience du championnat et les constructeurs engagés sont en ligne avec les objectifs d’Alpine. De quoi tordre le cou aux rumeurs d’une vente de l’écurie.

" La F1 est le summum des industries ", estime Luca de Meo dans des propos relayés par Autocar. " On se voit en compétition avec Aston Martin, Ferrari, Mercedes, plutôt qu'avec des noms bizarres, ce qui est mieux pour nous, car c'est une sorte de traduction du monde réel, […], je suis heureux de voir la Formule 1 grandir en termes d'audience, rajeunir, aller au-delà des passionnés d'automobile, car lorsque vous sortez de cette niche, cela rend toute l'activité intéressante, car vous atteignez en fait plus de gens, ce qui est bon pour n'importe quel sport. "

" Même si nous avons perdu de l’argent en F1, nous devons considérer cela comme une sorte d’investissement marketing pour le reste. Nous avons multiplié les ventes d’Alpine par trois avec la même voiture, […], et si vous calculez la valeur de la marque Alpine aujourd’hui par rapport à il y a quatre ans, nous avons des études et des analyses qui montrent qu’elle a été multipliée par trois. La F1 est donc un énorme booster de notoriété. C’est donc un très bon investissement marketing ", estime l’italien.

Depuis sa décision d’arrêter le développement des moteurs et de se sourcer auprès de Mercedes à compter de 2026, Alpine perd de sa connotation française. La disparition du drapeau tricolore, le départ d’Esteban Ocon et la signature de nombreux partenariats avec des entreprises étrangères – imposant leurs couleurs et logos – ont suscité quelques critiques du côté de l’Hexagone. Une posture dont se défendent Luca de Meo et les acteurs engagés dans le projet.

" Il n’y a pas d’intention derrière cela ", explique le CEO du groupe Renault. " Si on trouvait des talents et des sponsors français, on les prendrait, mais on n’en a pas beaucoup. Il faut qu’on aille chercher des opportunités ailleurs lorsqu’elles s’ouvrent, mais nous nous considérons toujours comme l’équipe nationale française. Flavio est charismatique et il sait lire les gens, attirer les talents. Il amène des partenaires importants et des ressources financières aussi. "

" C’est peut-être une perception de l’extérieur, mais mon ressenti c’est que l’écurie reste toujours très française ", précise de son côté Pierre Gasly. " Bien sûr, médiatiquement, on parle davantage de certains dirigeants (Flavio Briatore) et du coup, on peut avoir la sensation que c’est moins le cas, mais en interne, il y a toujours énormément de Français. Le moteur est toujours français et j’ai toujours autant cette connexion avec la France. "

La satisfaction des retombées marketings doivent désormais accompagner des résultats sportifs plus probants. Alpine a traversé des années difficiles avec un recul au classement des constructeurs en dépit de l’obtention de quelques podiums. Sous l’impulsion de la nouvelle équipe dirigeante, le A fléché a néanmoins engagé une trajectoire plus convaincante, laissant espérer une année 2025 et au-delà prometteuses.

" Flavio a apporté son leadership ", reconnaît Pierre Gasly. " Il a une incroyable expérience. Il a déjà gagné des titres de champion du monde avec des équipes et connaît parfaitement le milieu de la Formule 1. Et il a surtout une mentalité que je partage : gagner. Je veux gagner avec Alpine, et lui aussi, car il n’est pas là juste pour être en Formule 1. Je m’entends très bien avec lui, et c’est vrai que cet hiver on a bénéficié d’un peu plus de stabilité. Depuis que je suis arrivé chez Alpine, il y a eu beaucoup de changements… J’entame ma troisième saison et j’apprécie d’avoir eu des bases un peu plus solides. "

" On a super bien travaillé avec Viry cette année, ce sont de vrais professionnels ", souligne de son côté Flavio Briatore. " Maintenant, on a une écurie plus flexible. Une équipe, ce n’est pas la quantité, mais la qualité d’abord. A l’époque, avec Renault, on avait le troisième budget de la Formule 1 et on a gagné le championnat en 2005 et 2006. Avec Benetton, on avait un budget qui n’était rien et on avait aussi gagné le championnat… "

Alpine a pour objectif de jouer la cinquième place du classement des constructeurs, derrière les structures de pointe McLaren, Red Bull, Ferrari et Mercedes.