Il y a une semaine tout juste, la Formule 1 se réveillait avec une nouvelle des plus excitantes. L'emblématique famille Andretti, à la tête d'un empire en sport automobile, annonce son intention de créer sa propre écurie de Formule 1, après avoir essuyé un échec dans le rachat de Sauber. Une entrée prévue pour 2024 qui inclut, entre autres, un accord moteur avec Renault.

Andretti en Formule 1, voilà deux noms qui, associés, peuvent générer une valeur incroyable. La première citée est une institution aux Etats-Unis, très engagée dans de nombreuses disciplines depuis des décennies, dont l'IndyCar, avec des succès à répétition. Elle est le fruit d'une famille dont les générations se succèdent elles aussi dans cet univers, mais cette fois-ci directement au volant des bolides. Le CV d'Andretti autant que sa réputation ne sont ainsi pas à refaire.

Les installations, modernes et imposantes, sont à l’image de sa grandeur, et n’ont rien à envier à certaines écuries de Formule 1. Elles sont à la hauteur des ambitions de la famille, dont le désir est d’accéder coûte que coûte à la discipline reine des monoplaces. La piste du rachat d'une écurie existante a été étudiée avec ferveur, jusqu'à toucher du doigt la reprise de Sauber, avant d’échouer à la dernière minute. Des tentatives ont également été menées du côté de Haas, sans succès.


Dès lors, seule l'inscription d'une nouvelle équipe, la onzième sur la grille, devient aujourd'hui envisageable. Seulement voilà, pour y parvenir, il faut débourser 200M€ de droit d'entrée, et obtenir une autorisation de la FIA - et des écuries engagées. Si le premier point est accepté, le second semble plus compliqué. La Fédération botte en touche là où certaines équipes sont frileuses, à l’image de Mercedes et Red Bull. En revanche, d'autres le souhaitent, dont bien sûr Alpine (Renault), mais aussi McLaren.

" Nous nous lançons là-dedans avec lucidité et nous connaissons les conditions préalables ", martèle Mario Andretti. " Je ne crois pas que Michael demande des faveurs particulières : nous devons nous conformer à ce qui est demandé et continuer. C'est à la fois simple et compliqué, mais nous savons dans quoi nous nous engageons. "

" La FIA n'est pas actuellement en mesure d'examiner ou de commenter les manifestations d'intérêt ou les demandes reçues de la part de nouvelles équipes potentielles en ce qui concerne le Championnat du monde de Formule 1 de la FIA ", répond la Fédération.


De son côté, les structures majeures du championnat demandent à ce qu’Andretti prouve la valeur qu’elle pourra apporter à la Formule 1 jugeant que " chaque équipe qui [nous] rejoint doit être 'relutive', c'est-à-dire qu'elle doit ajouter de la valeur ", se plaît à rappeler Toto Wolff. L’autrichien ajoute " qu’elle doit démontrer ce qu'elle peut faire pour les autres équipes, pour la F1 et la FIA, ce n'est qu'alors que le sport se développera. "

À la recherche d’un partenaire depuis plusieurs mois, Renault accueille nécessairement la nouvelle avec le sourire. La firme au Losange a toujours été sollicitée par les nouvelles structures, à l’image du projet Panthera. Seul constructeur à ne pas disposer de clients, Renault est en première ligne pour fournir une autre équipe en plus de sa propre structure usine Alpine. Dès l’annonce de la candidature d’Andretti, les rumeurs ont vite circulé autour d’un lien avec Viry-Châtillon. Ce vendredi, l’entité américaine a purement et simplement confirmé que Renault serait bien le motoriste.

" Nous avons maintenant un accord formel sur le fournisseur moteur ", annonce Mario Andretti. " C’est confirmé, ce sera Renault, et je suis autorisé à le dire maintenant. Il y avait beaucoup de spéculations de la part de Toto Wolff, il était inquiet que ce soit potentiellement Ferrari car Ferrari aurait plus de voix que lui. "


Sans confirmer cette alliance, Laurent Rossi ne cachait pas son enthousiasme à l’idée de voir Andretti prendre le départ d’un Grand-Prix de Formule 1 dès 2024. " Je l’accueille volontiers, si c’est un projet créatif qu’amène Andretti ", s’exclame le CEO d’Alpine. " Je pense qu’Andretti pourrait avoir ce potentiel car il y a tout l’aspect américain de cette équipe. Nous verrons bien. Je pense que ce serait bien de pimenter les choses sur la piste aussi. C’est mieux de faire bouger la hiérarchie un peu au fil du temps, je suppose. "

L’arrivée d’un nom tel qu’Andretti ne peut, de notre point de vue, qu’apporter de la valeur au championnat. Au-delà de gonfler une grille avec deux voitures supplémentaires, c’est un symbole du sport automobile américain qui débarquerait, de quoi renforcer la place de la Formule 1 sur ce marché si important aux yeux des organisateurs. Si l’on peut ressentir une certaine frilosité de la part de la FIA, cette dernière est en fait aujourd’hui très exigeante afin d’éviter d’autres échecs comme ceux de Lotus, Virgin et HRT en 2010.

Pour Renault, Andretti représente la plus belle opportunité de disposer d’une seconde équipe. Une association des plus excitantes, et la possibilité pour la marque de développer son nom sur le continent nord-américain - histoire de tâter le terrain pour un éventuel retour ? Pourrait-on également envisager un autre nom pour le moteur au profit d’une marque de l’Alliance ? Il est certainement trop tôt pour répondre à ces questions, mais peut-être seront-elles d’actualité dans un futur proche.

Contentons-nous aujourd’hui d’apprécier la mise en place d’un accord moteur, et croisons les doigts qu’Andretti puisse obtenir son ticket d’entrée. C’est certainement la proposition de nouvelle équipe la plus crédible de ces dernières années, à l’image de Haas qui a su pérenniser sa présence sur la grille.