Bien que son Line-Up soit complètement défini avec les signatures de Fernando Alonso et Esteban Ocon pour 2022, la marque Alpine se retrouve aujourd’hui au cœur du marché des transferts, avec l’émergence de ses poulains qui dominent l’antichambre de la Formule 1, la Formule 2. La firme sportive du Groupe Renault voit en effet ses membres de l’Alpine Academy Oscar Piastri et Guanyu Zhou occuper les deux premières positions du championnat, mais les places en catégorie reine se font rares. Une guerre est ainsi engagée pour placer l’un de ses pilotes, dans une volonté de crédibiliser ce programme de développement des jeunes espoirs.

" Nous avons une académie et nous l’avons depuis des années, et nous avons développé un certain nombre de pilotes ", explique Marcin Budkowski, l’homme fort d’Alpine F1 Team. " Maintenant, nous avons des pilotes qui réussissent dans la plus haute catégorie juste avant la Formule 1, cela montre que notre académie a été bonne pour développer de bons pilotes. Malheureusement, si je peux utiliser ce terme, ils arrivent à maturité en même temps et nous avons le problème généré par le fait d’avoir trop de bons pilotes performants. Le succès d’une académie se mesure aussi à ses résultats. "

Il a été reproché ces dernières années à Renault de ne pas avoir promu ses poulains en Formule 1, voyant certains d’entre eux partir à la concurrence, comme ce fut le cas de Jack Aitken – chez Williams-Mercedes. Oliver Rowland fut également soutenu par le Losange, mais a su rebondir chez Nissan au sein du programme Formule E, avec la réussite que l’on connaît. Aujourd’hui, celle que l’on appelle désormais Alpine Academy n’a jamais connu pareil scénario, avec ses deux poulains en tête de la Formule 2. Avec un tel classement, ne pas voir l’un des pilotes de cette promotion atteindre la Formule 1 pourrait envoyer un mauvais message sur l’efficacité de ce programme, et ainsi détourner les jeunes talents d’Alpine.

" Si votre académie ne parvient jamais à envoyer un pilote en Formule 1, vous avez perdu votre temps et votre argent à soutenir ces pilotes, donc d’une certaine manière, gérer une académie réussie, c’est les amener en Formule 1 ", affirme Marcin Budkowski. " D’un autre côté, nous faisons cela pour nous-mêmes afin de développer les prochains pilotes que nous utiliserons chez Alpine, mais pour l’instant, nous n’avons pas de place libre. "

Alpine a longtemps poussé du côté de Williams pour trouver un baquet à l’un de ses pilotes, d’abord par l’intermédiaire d’un accord moteur, puis d’une simple collaboration autour de son poulain. Aucun de ces scénarios n’a fonctionné. Il reste toutefois une dernière chance, elle se nomme Alfa Roméo. Bien que proche de Ferrari et membre du groupe Stellantis (PSA), la firme italienne cherche un pilote pour épauler sa recrue Valtteri Bottas. Guanyu Zhou serait très bien placé.

Il faut dire que le chinois, déjà très impliqué au sein de l’équipe Alpine F1 Team avec plusieurs roulages, bénéficie d’un fort soutien financier issu de partenaires de son pays. Le chiffre effarant de 30 millions d’Euros (ou Dollars selon le média) est évoqué par la presse spécialisée. Un point de blocage subsiste cependant et concerne la durée du contrat, Alfa Roméo souhaitant une année contre deux pour le pilote chinois.

Pour Alpine, cette signature revêt une certaine importance pour valoriser son programme, bien qu’il ne soit pas clair si Guanyu Zhou conservera ou non un lien avec le A fléché à la suite d’un accord avec Alfa Romeo. De son côté, Oscar Piastri doit également être récompensé de son incroyable saison en Formule 2, lui qui domine ce championnat dès sa première campagne complète. Absent des différentes listes évoquées pour accéder à un baquet en Formule 1, l’australien se sent un peu oublié.

" Je pense que j’ai fait du bon travail en me plaçant dans une position assez privilégiée pour un siège de F1 ", affirme le jeune espoir d’Alpine à The-Race.com. " J’ai remporté deux championnats d’affilée et je mène un troisième. Nous ne sommes encore qu’à mi-chemin, donc beaucoup de choses peuvent encore changer, mais tous les mouvements en F1 se produisent maintenant ou se sont déjà produits. C’est un peu décevant la façon dont les choses se déroulent parce que je ne sais vraiment pas ce que j’aurais pu faire de plus. "

Nul doute qu’Alpine travaille sur des solutions, avec certainement la possibilité d’être impliqué d’une façon ou d’une autre au sein du projet F1. Sa prestation cette saison démontre un réel talent qu’il serait triste de perdre. Le timing n’est toutefois pas simple, et Alpine paie aussi l’absence d’écurie(s) partenaire(s), là où Mercedes, Ferrari et Honda peuvent placer des poulains au sein de plusieurs structures. Un accord avec Alfa Romeo serait, de fait, une sacrée réussite, méritée pour Guanyu Zhou, malheureuse pour Oscar Piastri dont on espère un programme alléchant pour 2022. Affaire à suivre.