D’ici un peu moins d’un mois, la Formule 1 va lancer sa saison 2020 et mettre un terme à une période d’attente particulièrement longue et éprouvante. Les écuries ont toutes repris progressivement le travail, comme chez Renault avec la réouverture des sites d’Enstone et de Viry-Châtillon. Désormais rassurée quant à son futur en Formule 1, l’écurie française se prépare à une année chargée, avec une lutte serrée dans le peloton, et un pilote à trouver pour 2021.

La saison 2020 aura forcément une tonalité particulière pour Renault. Non seulement en raison de la crise du Covid-19, mais aussi parce que son leader Daniel Ricciardo a décidé de quitter l’équipe, avant même de pouvoir constater les progrès accomplis durant l’hiver. Une manœuvre peu appréciée en interne, parfois même critiquée par certains observateurs en externe, mais l’australien se défend, et promet de donner le meilleur pour remercier Renault de sa confiance.

" Cela n'a pas été une décision facile à prendre ", affirme l’australien dans des propos relayés par L’Equipe. " Mais je ne l'ai pas non plus prise sur un coup de tête. Toute l'année a été faite de choses folles - même au-delà du coronavirus - et prendre cette décision après avoir participé seulement aux essais n'était pas évident. L'idéal aurait été de courir, d'y aller puis de décider, mais on n'a pas eu ce luxe cette fois. "

" J'ai évidemment hâte de courir mais aussi d'achever cette aventure et ce chapitre avec Renault de la meilleure façon possible. Je leur dois beaucoup, sur la piste comme en dehors, donc je suis heureux que nous puissions bientôt courir et essayer de faire de notre mieux ", ajoute-t-il.

Renault devra aussi composer avec un client sur le départ. McLaren passera en effet à une motorisation Mercedes en 2021, et a également fait ce choix avant même que la saison 2019 ne se termine, une campagne pourtant très réussie, entre autres grâce aux bonnes performances du Power Unit français. Cette décision précoce a certainement joué dans l’impossibilité pour McLaren de faire rouler la MCL33 pour entraîner ses pilotes avant la reprise en juillet. Renault aurait en effet refusé de fournir un moteur, selon certains médias. Les motivations ne sont cependant pas connues, et on peut aussi penser à des problèmes d’approvisionnement liés à la crise du Covid-19.

Si d’autres équipes auront l’opportunité de faire rouler des monoplaces vieilles de deux ans – comme l’autorise le règlement -, nous ne savons pas à ce jour si Renault le fera.


Après une forte euphorie en mai, le marché des transferts est de son côté redevenu calme. Pleinement engagée en Formule 1, la firme au Losange n’a cessé de dire qu’elle prendra son temps pour choisir le futur coéquipier d’Esteban Ocon. Son baquet est désormais l’un des plus intéressants disponibles sur le plateau, de quoi pouvoir s’autoriser ce luxe de jouer la montre.

Les mêmes candidats cités jusque-là restent en lice, et seul Guanyu Zhou s’est exprimé à ce sujet, à l’occasion d’un entretien accordé au China Daily. Protégé de Renault et membre de la Renault Sport Academy, il évolue cette année en Formule 2 pour une deuxième saison. Il est certainement l’un des pilotes chinois les plus prometteurs de sa génération, avec des performances honorables, soulignées en 2019 par une septième place et le statut de meilleur rookie décrochés dans l’antichambre de la F1.

Sa nationalité chinoise reste un atout, même si Renault a revu sa stratégie locale, cessant la vente de véhicules thermiques pour se concentrer exclusivement sur les modèles électriques et utilitaires. Une telle titularisation aurait forcément un impact marketing majeur, mais est-ce suffisant pour mener une équipe au Losange vers le titre ? Il faudra dès lors beaucoup convaincre en 2020, et s’assurer les points de super-licence requis pour intégrer la Formule 1, grâce à un bon classement en Formule 2. Bien que non pressé, pas sûr que Renault puisse attendre jusqu’à octobre pour se décider.

" En ce moment, je suis concentré sur ce que je fais, c’est-à-dire me battre pour un meilleur classement en F2 ", affirme-t-il. " Il est certain que s’il y a une chance, j’espère la saisir. Cela dépendra de ma performance cette saison en F2. Ma priorité est donc d’améliorer mes résultats en F2, afin de pouvoir avancer vers mon objectif ".


Motivé, Guanyu Zhou a beaucoup échangé avec Renault aux cours de ces dernières semaines, pour préparer au mieux son championnat. Le chinois est définitivement heureux avec le Losange.

" Cela ne m’a pas semblé étrange de revenir dans l’équipe. Pendant la pandémie, j’avais une conférence téléphonique avec l’équipe deux ou trois fois par semaine. Je devais également leur retransmettre en direct mon entraînement physique. De plus, depuis un an, j’ai eu une grande coopération avec l’équipe. Je suis très ami avec de nombreuses personnes de l’équipe, donc nous avons toujours un bon contact même si nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps ", précise-t-il.

Enfin, piste certainement plus sérieuse, Valtteri Bottas a été interrogé sur son avenir incertain chez Mercedes, mais le finlandais n’a pas commenté les rumeurs l’envoyant chez Renault. Il a cependant montré sa confiance en son futur dans la discipline.

" Ce n'est différent en aucune manière d'une autre saison ", commente-t-il, pour le compte cette fois-ci de Motorsport.com. " Il y a toujours des discussions et la situation est la même pour moi. Je trouve plutôt amusant qu'alors qu'aucun Grand Prix n'a encore eu lieu, il y ait des gens qui obtiennent mon baquet. Ça m'a fait rire à quelques reprises. Il n'y a pas de pression de ce côté car j'ai toujours en tête un objectif clair pour la saison, c'est comme ça. Ensuite les choses s'arrangeront d'elles-mêmes, d'une manière ou d'une autre et quoi qu'il arrive. Je n'ai aucun stress à ce sujet. "

Il faut certainement attendre désormais le début de la saison pour voir ce dossier évoluer, avec des R.S.20 qui seront surveillées de près par de nombreux observateurs. Ce sera la démonstration que Renault a su progresser après un exercice 2019 difficile. La réussite ou non de cette entreprise impactera nécessairement la position du Losange sur ce marché des transferts.