La situation des pilotes clarifiée du côté de Renault Sport Formula One Team, l’intérêt du marché des transferts se porte désormais sur l’unique client 2019 du Losange, McLaren Racing. L’écurie de Woking nage aujourd’hui dans un profond brouillard, sur la base d’une grande incertitude entourant son Line-Up actuel. Attiré par l’Indycar, Fernando Alonso pourrait faire le choix d’un exil américain tandis que son équipier Stoffel Vandoorne est sur un siège éjectable, conséquence de performances en dents de scie. Des options alternatives sont étudiées, comme l’arrivée de Carlos Sainz Jr ou encore la titularisation de Lando Norris.

McLaren Racing connaît décidément une année 2018 compliquée. Face à des performances en-deçà de ses espérances, l’emblématique écurie britannique a entamé un vaste chantier visant à restructurer l’ensemble de la structure. Le départ du Team Manager Eric Boullier accompagné des signatures de Gil de Ferran et du talentueux ingénieur James Key en sont les parties les plus visibles. Ces changements pourraient avoir des répercussions directes sur la piste, avec une remise en cause du Line-Up actuel. La tâche s’annonce là aussi ardue, avec une équipe McLaren loin d’avoir toutes les cartes en main pour décider.

" Il est difficile de se positionner dans une direction particulière car beaucoup de pièces bougent ", reconnaît Zak Brown, l’homme fort de McLaren-Renault, pour le compte de Motorsport.com. " Dans des situations comme celle-ci, vous devez garder chaque porte ouverte et attendre que des dominos tombent. Parfois, il est sous votre contrôle, parfois pas. "

McLaren-Renault ne semble en effet pas se trouver dans une position de force. Affaiblie par ses modestes performances, l’écurie de Woking est en attente de savoir ce que fera Fernando Alonso la saison prochaine.

" Je pense que si nous étions plus compétitifs, il aimerait vraiment rester en Formule 1. Mais il a parlé de sa frustration d'être dans un championnat de constructeurs plutôt que de pilotes ", s’inquiète le Directeur exécutif de McLaren Group.


Pressé par son contact américain Michael Andretti, l’espagnol pourrait rapidement avoir besoin de clarifier son avenir, même si McLaren se défend d’une telle pression venant de Woking ou des Etats-Unis.

" Je ne l'ai [Fernando, ndlr] pas vu parler de date. C'est aussi la date de Michael [Andretti]. Cela part du fait qu'on aurait un partenariat avec lui, ce qui est possible, mais ce n'est pas notre seule option. On sait qu'on va devoir prendre une décision rapidement, ou on manquera de temps pour se préparer correctement ", explique Zak Brown.

Tant que le cas de Fernando Alonso ne sera pas réglé, l’écurie cliente de Renault aura toutes les peines du monde à finaliser la construction de son duo 2019, avec notamment des répercussions sur la gestion du dossier Stoffel Vandoorne.

" Nous connaissons notre situation avec Stoffel. Nous voyons quelles autres opportunités peuvent ou non être disponibles, en voyant ce que Fernando veut finalement faire ", précise sans ambiguïté Zak Brown.

Largement dominé par Fernando Alonso, le belge a aussi souffert d’un châssis récalcitrant, avant de se reprendre en Hongrie. Si l’équipe affiche aujourd’hui son soutien, elle lui demande également de hausser son niveau de jeu.

" Il n'a pas réussi à le faire régulièrement mais je ne dirais pas que nous sommes déçus parce que l'an passé, nous savions que nous l'avons placé dans une situation difficile et cette année nous ne lui avons pas donné une très bonne voiture. Nous croyons tous que Stoffel fait un excellent travail, mais nous aimerions le voir battre Fernando plus souvent ", demande Zak Brown.


Face à une si grande incertitude avec ses pilotes actuels, McLaren-Renault mène d’importantes négociations avec des options alternatives. Après avoir proposé en vain un imposant contrat à Daniel Ricciardo, l’équipe se tourne vers Carlos Sainz Jr. Sous-contrat avec Red Bull, l’espagnol est en attente de savoir s’il sera choisi pour piloter la future RB15-Honda. À l’heure actuelle et sous réserve de mouvement(s) sur un marché des transferts très incertain, il semble que sa venue à Woking se renforce un peu plus.

" Nous pensons que Carlos est un excellent pilote ", estime le Directeur exécutif de McLaren Group. " Bien sûr, Carlos est potentiellement sur le marché, […], il est assurément quelqu’un, quand vous vous penchez sur la shortlist des pilotes, que l’on envisage de mettre dans une voiture de course. S’il était libre et si nous avions un baquet, il serait assurément en haut de la liste. "

La présence éventuelle de Fernando Alonso la saison prochaine ne serait pas une barrière à l’arrivée de Carlos Sainz Jr, même si cela impliquerait un duo 100% espagnol chez McLaren-Renault.

" Commercialement ce serait bien. Je pense qu’il est plus important d’avoir deux pilotes excitants commercialement, que de savoir d’où ils viennent. La chose la plus intéressante pour les sponsors est d’avoir les deux meilleurs pilotes disponibles, quel que soit le pays dans lequel ils se trouvent ", insiste Zak Brown.


Le principal intéressé, Carlos Sainz Jr, n’est d’ailleurs pas effrayé par un duel avec son idole.

" Mon esprit de pilote, mon esprit de compétition et ma confiance me disent que je peux me mesurer à n'importe qui. Fernando serait probablement le plus grand challenge qui soit sur la grille, c'est certain. Mais je me sens prêt à tout ", affirme l’actuel pilote Renault.

Autre option envisagée chez McLaren-Renault, la promotion de son jeune espoir Lando Norris. Aujourd’hui en Formule 2, le britannique et son talent affolent le paddock au point de voir Red Bull afficher un grand intérêt en vue d’une titularisation chez Toro Rosso. Une piste sérieusement envisagée qui permettrait à la formation de Woking de disposer d’une monnaie d’échange pour Carlos Sainz Jr, mais également pour l’ingénieur James Key, dont l’arrivée pourrait être retardée pour des raisons contractuelles.

Lando Norris n’exclut pas cette solution, mais priorise une poursuite avec McLaren-Renault à travers la garantie d’une titularisation pour 2020.

" Bien sûr, je peux l'envisager [piloter chez Toro Rosso, ndlr] ", affirme-t-il à Motorsport.com. " J'aimerais voir que je peux être en F1, mais je ne pense pas que ce soit forcément le chemin à emprunter. Dans l'idéal, je serai avec McLaren l'an prochain, c'est ça la situation parfaite. Mais ce n'est pas à moi de décider, c'est aux patrons, à Fernando et à quiconque prend toutes les décisions. "

" En restant avec McLaren, peut-être que c'est mieux de dire que je veux faire des EL1 et avoir davantage d'opportunités de piloter en F1. Donc s'il y a la confirmation d'une saison en 2020, peut-être que c'est une meilleure opportunité et une meilleure situation ", ajoute Lando Norris.


McLaren-Renault aimerait dans tous les cas éviter de constituer un Line-Up trop jeune. Si l’on comprend bien que le souhait de voir Fernando Alonso poursuivre en 2019 est très fort, un duo Vandoorne-Lorris ne semble pas faire rêver. De l’expérience est en effet vivement recherchée pour contribuer efficacement à la reconstruction de l’écurie.

" Parce que nous sommes en train de reconstruire, avoir deux jeunes pilotes dans notre voiture ne serait pas idéal pour nous. Si nous avions une meilleure voiture de course, vous pourriez prendre un risque avec deux jeunes pilotes ", considère Zak Brown.

La situation des pilotes est donc loin d’être évidente pour McLaren-Renault. L’écurie de Woking ne contrôle pas les destins de Fernando Alonso et Carlos Sainz Jr, et ne se voit pas titulariser au même moment les deux seuls pilotes pour lesquels elle a la voix au chapitre. Il lui faudra donc attendre la décision de son représentant espagnol, qui porte à lui seul la plus large partie des incertitudes entourant le Line-Up McLaren.