Il s’agit certainement de la plus grande inconnue de cette intersaison. Confrontée à des ennuis techniques à répétition, la nouvelle association McLaren-Renault a davantage marqué les esprits par le nombre de drapeaux rouges provoqués par la MCL33 que par ses performances. S’il faut s’attendre à un début de saison poussif conséquence de ce manque de préparation et de cette incertitude sur la fiabilité, la structure de Woking ne doit pas être enterrée pour autant. Des chronos encourageants et une capacité de réaction évidente doivent permettre à McLaren de résoudre rapidement ses problèmes.

" Jusqu'à présent, nous avons rencontré des problèmes mineurs, mais c'est parce que nous n'avions pas fait un travail suffisamment bon pour préparer la voiture ", constate Eric Boullier, le Team Manager de l’écurie britannique, à Motorsport.com. " Nous étions un peu tendus en termes de temps et de délais, mais c'est notre problème. Nous allons très rapidement revenir à la normale. "

" Nous savons maintenant que nous avons des choses sur lesquelles il nous faut travailler, mais nous savons aussi que notre package a définitivement du potentiel, et nous allons travailler dur pour maximiser notre fiabilité, pour avoir la chance de montrer notre vraie performance à Melbourne ", ajoute le français.


Lanterne rouge du tableau des tours parcourus – seulement 599 contre 1040 à Mercedes, le leader -, McLaren-Renault a tout connu : d’un problème d’écrou au turbo, en passant par des soucis de refroidissement et une fuite d’huile fatale. La diversité des problèmes ne rassure certainement pas, et l’équipe s’attend d’ailleurs à souffrir à Melbourne, avec un risque de panne évident.

" Nous n'avons pas pu cocher tous les points du programme. Nous allons donc à Melbourne avec des inconnus ", confirme Eric Boullier, le Team Manager de la structure britannique, à Auto Motor Und Sport.

" Il y aura donc un risque plus élevé de défaillance quelque part. Néanmoins, nous n'avons connu que des problèmes mineurs, qui étaient tous différents. Une bonne reconstruction de la voiture pour l'Australie nous aidera à régler quelques ennuis ", ajoute le français, cette fois-ci pour le compte de Motorsport.com.

McLaren-Renault se défend toutefois d’avoir opté pour un concept novateur et agressif, ce qui explique en partie les difficultés rencontrées à Barcelone. Le risque est en effet nécessaire pour réduire l’écart sur les leaders.

" Nous avons un design ambitieux autour de la voiture et on peut voir qu'elle est un peu différente des autres monoplaces motorisées par Renault ", explique Eric Boullier, toujours à Motorsport.com. " Si l'on veut être compétitif, il faut être un peu agressif et ambitieux. "


Heureusement pour McLaren, la nouvelle MCL33 semble fondamentalement bien née. Fernando Alonso a notamment rassuré son monde vendredi, en signant le troisième chrono absolu en hypersoft, une performance jugée crédible par les observateurs. Les pilotes sont d’ailleurs satisfaits du comportement de la voiture.

" Je suis content du package que nous avons. Au niveau du set-up, nous savons plus ou moins où nous en sommes avec tous les systèmes sur la voiture ", affirme Stoffel Vandoorne. " Nous avons connu des essais positifs, même si nous avons eu des problèmes. Tout le monde a un sentiment positif et c'est important pour notre motivation. "

Fernando Alonso mise sur les progrès à venir de McLaren, même si l’espagnol dresse un bilan également positif de ses essais. " Il y a plus à venir de la voiture en termes de performance et aussi bien sûr au niveau de la fiabilité. Je pense que ces deux semaines furent très productives pour nous. Nous avions beaucoup de nouvelles choses à éprouver et à tester et maintenant nous avons deux semaines pour tout mettre en place ", explique l’espagnol.

Où se situe maintenant réellement McLaren-Renault, la question est difficile à répondre. L’écurie de Woking n’est certainement pas une prétendante au titre cette année, mais elle devrait pouvoir viser la quatrième position, même si on s’attend à voir l’équipe débuter l’année légèrement en retrait.

" Je ne crois pas que Ferrari et Mercedes soient notre cible cette année. Nous devons progresser partout ", reconnaît Stoffel Vandoorne.

" Si l'on juge sur la base de quelques soucis rencontrés en trois jours, il vaut mieux attendre quelques courses [avant de fixer un objectif, ndlr] ", ajoute de son côté Eric Boullier à Motorsport.com.


Les observateurs voient davantage McLaren au coude-à-coude avec Renault, Haas-Ferrari et Toro Rosso-Honda, à travers une lutte dans l’ombre des trois top-teams. Les deux prochaines semaines seront toutefois décisives grâce aux développements menés sur la base des données récoltées.

" Maintenant nous avons deux semaines importantes à l’usine devant nous pour nous préparer pour Melbourne. Nous verrons alors exactement où nous en sommes, car tout le monde roulera avec le maximum de performance ", affirme Fernando Alonso.

Dernier point positif pour McLaren, la bonne mise en marche de sa collaboration avec Renault. Le dialogue passe bien avec le constructeur français, de quoi accélérer la capacité de réaction de l’écurie de Woking.

" Je crois que McLaren et Renault sont peut-être plus proches que ça ne l'a jamais été avec Honda, également parce que la culture est bien plus semblable. C'est une relation très ouverte. Si quelqu'un fait une erreur, l'autre ne le blâme pas. S'il y a des problèmes, ils trouvent aussi rapidement des solutions ", rapporte Stoffel Vandoorne.

Cette bonne communication doit contribuer à l’élévation des performances de la MCL33-RE18, avec du pain sur la planche. Une fois la fiabilité assurée, il ne fait aucun doute que l’auto pourra montrer d’intéressantes dispositions. Une année en deux temps envisageable, en espérant que la période " d’apprentissage " soit la plus courte possible.