La révolution de palais qui vient d’avoir lieu a au moins eu le mérite de créer un électrochoc, Ferrari se devait de réagir et retrouver une organisation efficace qui travaille dans le même sens, sans querelles. A ce titre, le départ d’Alonso est presque une bonne nouvelle et la Scuderia " new look " a de sérieux arguments à faire valoir pour 2015. La nouvelle monoplace a été entièrement conçue par James Alisson, Jean Eric Vergne apporter toute son expérience du simulateur de Red Bull et Vettel sa rigueur. D’ailleurs cette intersaison, les essais placent Ferrari derrière Mercedes, mais au même niveau que les Williams et Red Bull, soit d’énormes progrès, confirmés par les très bons temps signés Raikkonen et Vettel. Petit bémol cependant, Ferrari qui vise 2 à 3 victoires cette saison, débarque à Melbourne avec un moteur 2015 " dégonflé " reprenant certaines pièces 2014 alors que les nouvelles ont été validées. Cette tactique a pour but de permettre à Ferrari de développer davantage son moteur et d’introduire ses jetons plus tard en maximisant la R&D. Vu la faible opposition derrière (Lotus et McLaren doivent se reconstruire), Ferrari devrait viser la 4ème ligne en Australie et faire un bond en avant au moment de l’utilisation des jetons 2015, donc au mieux après le premier quart de la saison. L’autre enjeu pour Ferrari maintenant que sa nouvelle soufflerie semble pleinement opérationnelle, c’est d’apporter des développements efficaces. Ces 3 dernières années, Ferrari a toujours amené de nombreuses nouvelles pièces à chaque course, mais celles-ci n’apportaient pas les gains entrevus à Maranello, si bien que les anciens éléments étaient remontés le samedi matin… Enfin le train avant semble avoir également progressé, pour le plus grand plaisir de Raikkonen, peu à l’aise la saison passée…

Sebastian Vettel : Il fallait bien que ça s’arrête un jour ! Après ses 4 titres, Vettel a connu une année 2014 difficile, battu par son nouvel équipier Ricciardo. Le genre de résultat qui fait tâche et qui a réalimenté les doctrines qui prônent que sans voiture miracle Vettel n’avait rien d’un pilote exceptionnel. Sauf que… Habitué effectivement aux voiture de Newey à très fort appui, Vettel a naturellement eu plus de mal avec les nouvelles règles qui ont diminué fortement l’appui global. De plus pour pouvoir dépasser et afin de ne pas être dépassé et de moins consommer vu les carences du PU Renault, Red Bull a encore réduit les appuis pour réduire la traînée, accuentuant encore davantage les difficultés de Vettel (Ricciardo venant de Toro Rosso s’y est habitué beaucoup plus facilement). En outre, il n’était pas satisfait de l’équilibre de sa voiture, et usa davantage ses pneus que son collègue australien. Enfin il a clairement manqué de réussite. Si Ricciardo signe 3 victoires et Vettel aucune, c’est essentiellement dû aux circonstances de courses. Au Canada et à Budapest, il était devant Ricciardo à la régulière. Las, à Montréal, son arrêt avant Ricciardo le bloque la majeure partie de la course derrière Perez en pneus usés mais à la cavalerie Mercedes bien présente ; en Hongrie il est devant aussi mais les caprices météo l’obligent à effectuer un arrêt supplémentaire… La chance a tourné tout simplement. Dès lors, et Red Bull se concentrant de plus en plus sur Ricciardo, Vettel a négocié avec Ferrari dans l’espoir de faire aussi bien que son idole Schumi : redresser l’équipe et regagner. Et comme en plus il va faire équipe avec son ami Kimi, quitter Red Bull après 4 titres au moment où Newey prend du recul a du sens. A peine arrivé, il a testé la monoplace 2012 et passé de nombreuses heures dans le simulateur, à travailler sans relâche comme son illustre compatriote… Avec à la clé les mêmes résultats ?

Kimi Raikkonen : Dès l’Australie on a senti que quelque chose clochait. Kimi, lui l’homme de glace, était énervé après son ingénieur de piste. Et effectivement sa saison fut cauchemardesque même si une fois le départ d’Alonso officialisé il bénéficia de davantage d’attention de l'équipe et se montra plus fringant à partir de Spa. A froid comment pouvait-il en être autrement, Kimi débarquait dans l’équipe d’Alonso avec une voiture faite pour Alonso qui correspond exactement à l’opposé d’une voiture " à la kimi ". Kimi aime les voitures avec un train avant très précis, qui ne bouge pas. A l’amorce d’un virage, il suit une trajectoire idéale, braque linéairement jusqu’à l’angle maxi, et revient linéairement au point milieu en réaccélérant progressivement. Alonso, lui freine plus tard, plus fort et met un gros coup de volant. De fait Alonso n’a pas besoin d’un train avant précis, au contraire, en mettant un gros coup de volant, il faut un avant qui " flotte " un peu… D’où un Raikkonen en grandes difficultés le dimanche, d’autant plus que sa technique qui permet de conserver plus de vitesse dans le virage et de réaccélérer plus tôt usait les pneus arrières de sa Ferrari. Mais surtout Kimi ne parlait pas italien, et dans le même temps son ingénieur de piste Antonio Spagnolo ne parlait pas anglais ! Dès lors comment communiquer, se comprendre et expliquer son ressenti ? Impossible. D’où l’énervement de Kimi dès l’Australie, qui a tout de suite comprit que ça n’allait pas le faire. Protégé par Mattiacci qui avait bien comprit et analysé les soucis de son pilote, et qui appréciait son côté taiseux et non politique, Kimi est donc reconduit. Et James Allisson qui a bien connu Kimi chez Lotus a conçu une monoplace qui devrait davantage convenir à son style de pilotage. Si tel est effectivement le cas et si la Ferrari se montre compétitive, la magie Kimi pourrait à nouveau opérer… Sinon, eh bien Kimi quittera la F1 par la petite porte. Une année cruciale pour le finlandais, d’autant que son nouvel équipier ne lui fera aucun cadeau sur la piste.

Pronostic : 2ème