Malgré le retour de l’emblématique Ron Dennis et l’arrivée d’Eric Boullier, McLaren a connu une saison décevante l'an passé. L’équipe argue que c’est le manque d’infos concernant le moteur Mercedes qui a joué (et en off, aussi le carburant et la lubrification Mobil 1, quand les autres équipes Mercedes en Petronas auraient 30 chevaux de plus). Certes, mais même avec 30 cv de moins, quand on s’appelle McLaren, qu’on a un champion du monde comme pilote, lutter avec Force India est inacceptable.

Et cette saison ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices entre un motoriste qui débarque un an plus tard que la concurrence et dont le PU a une fiabilité désastreuse, à peine meilleure que celle du Renault il y a 12 mois, une entité chassis qui ressemble ces dernières années davantage à une société de consulting d’ingénierie que d’une équipe de course.

D’un autre côté, il y a des points positifs : le contrat Honda devrait permettre une progression constante en plus d’assurer un budget conséquent malgré l’absence d’un sponsor titre depuis 2 ans. L’arrivée de Peter Prodromou de chez Red Bull devrait aider à améliorer l’appui aéro, le plus gros point faible des McLaren depuis 2 saisons.

Enfin il y a Fernando Alonso. L’arme est à double tranchant. On connait le côté " ne lâche rien " sur la piste de l’Espagnol, mais aussi son passif dans cette même équipe, chez Renault et Ferrari quand ça ne tourne pas dans son sens et son côté destructeur.

Difficile de tirer un quelconque enseignement des essais privés de McLaren-Honda, tant les soucis de fiabilité ont empêché l’équipe de rouler, au point que le développement du chassis a tout juste commencé. On sait juste que Woking a tenté une approche très agressive et innovante pour tenter de combler son retard, mais quioi qu’il en soit ce n’est pas cette saison que McLaren va retrouver son lustre d’antan.

Jenson Button : Après un hiver passé à se demandé s’il serait retenu ou pas face à son équipier 2014 Magnussen, Jenson a finalement logiquement été confirmé chez McLaren pour une 6ème saison. Logique, car même au volant d’une monoplace plus modeste ces 2 dernières années, face à des jeunes loups, Jenson a fait du bon boulot. Sa course de Suzuka l’an passé où il a longtemps joué une place sur le podium avant que la pluie ne faiblisse fasse à des Red Bull et en terminant loin devant les Williams et Ferrari montre que sa science de la course est intacte.

Il va donc retrouver cette année Honda qui lui avait apporté sa première victoire, mais aussi de grandes désillusions en 2007 et 2008 avant de lui offrir clé en main un titre en 2009 à lui et à Brawn. Son association avec un Alonso forfait en début de saison sera à surveiller, Jenson est chez lui, anglais, dans une équipe anglaise, sait obtenir une voiture à son goût et est un monstre de régularité.

Fernando Alonso : A vrai dire, et quoi qu’en dise pour Fernando, son retour chez McLaren est un aveu d’échec. De sa première saison chez les gris au cours de laquelle la cohabitation fut plus que difficile avec Ron Dennis, mais aussi de sa collaboration chez Ferrari. Bien sûr ces 5 années la Ferrari ne fût rarement aussi compétitive que les Red Bull, McLaren ou Mercedes. Pourtant, si Fernando peut blâmer la stratégie à Abou Dhabi pour le titre perdu en 2010 ou Grosjean à Spa pour celui de 2012, il ne fût pas exempt de tout reproche.

En 2010 un dépassement sous drapeaux jaune à Silverstone lui a coûté aussi plusieurs places, en 2012, en voulant jouer au plus malin avec Raikkonen à Suzuka il abandonne au premier virage. Responsabilités partagées même si en piste, Fernando a écrasé ses équipiers. D’ailleurs les écarts avec ceux-ci furent si importants qu’on ne peut que s’interroger sur ce qu’il se passait réellement à Maranello, et sur qui dirigeait réellement l’équipe. En outre ses critiques répétitives sur sa voiture ont eu raison de la patience de Montezemolo, qui a décidé de mettre un contrepouvoir au clan Alonso, qui a bien senti le vent tourner.

Après avoir espéré un baquet Mercedes ou Red Bull (et avoir prétendu pouvoir aller où il souhaitait), il a dû se résoudre à revenir chez McLaren, où plus que chez Ferrari, avec le retour de Honda, tout est à construire. Saura-il faire preuve de patience et être moteur pour faire avancer l’équipe, toute l’équipe ? Rien n’est moins sur, d’autant que Button est un bon client. Décrocher un podium serait déjà beau, surtout après les essais calamiteux et son étrange forfait en Australie suite à une sortie e piste mineure.

Kevin Magnussen : Après une saison 2014 correcte,Magnussen a donc dû s’incliner face à Button pour l’obtention d’un baquet 2015. Si l’idée des 3 monoplaces par équipes " tuerait " quelque peu le championnat constructeur, elle tomberait à point nommé pour McLaren. Car si la moisson de points ne fût pas aussi prolifique que celle de son illustre équipier, il ne faut pas oublier que Kevin a reçu plusieurs pénalités en course pour le moins discutables (Schumacher et Webber entre autres faisaient largement pire sans sanctions) pour duels trop virils lui faisant perdre entre 10 et 20 points. Sans programme 2015 vu la décision très (trop) tardive de McLaren, le fils de l’ex pilote McLaren et Stewart se voit offrir un cadeau empoisonné : piloter en Australie, avec une seule journée de préparation en amont sur un voiture pas dégrossie. A lui de l’exploiter au mieux pour se replacer en 2016, voire avant si les ennuis d’Alonso sont plus sérieux que ce que McLaren veut bien communiquer.

Pronostic : 5ème