Après les pilotes, voici venu le tour du management de Lotus-Renault de se prêter au jeu des questions-réponses. Eric Boullier puis James Allison dressent les attentes de l'écurie d'Enstone à l'entame du premier Grand-Prix de la saison.

Eric Boullier

Le Team Principal, Eric Boullier, apporte son regard sur les impressions au sein de l’équipe avant la première course en Australie.

Comment se situe Lotus F1 Team avant la course d’ouverture?
"Nous pouvons tirer une certaine confiance à l’issue des essais d’avant-saison. Nous n’avons pas tourné autant que nous le souhaitions et nous avons connu quelques pépins, à la fois techniques et physiques. Mais malgré cela, nous avons pu éprouver la plupart de nos pièces dans notre parcours. Nous avons la conviction d’avoir progressé par rapport à l’an dernier."

Quel est votre regard sur la continuité avec Kimi et Romain en 2013?
"Pour moi, c’est un des points clés de cette année et clairement, ce sera un des arguments de notre performance d’équipe. Conserver ces deux pilotes, très complémentaires, est la meilleure solution pour l’équipe. Ils connaissent bien l’équipe tous les deux et c’est leur deuxième saison ensemble en F1. Avec cela, vous pouvez créer un bel élan pour le début de saison, à la différence de l’an dernier où il fallait passer du temps pour instaurer cette relation."

En observant vos adversaires, pensez-vous que la concurrence sera rude cette saison?
"Je crois que ce sera toujours aussi rude. Au moins cinq équipes ont le potentiel pour gagner des courses, cela s’annonce très serré. Ce sera intéressant de voir comment se comportent les teams en performance sur un tour, mais aussi sur les longs relais et en piste. Plus encore que l’an passé, il faudra se battre à l’avant à partir d’une bonne position sur la grille et la cadence de course de nos pilotes jouera un rôle important."

Les pneus Pirelli ont fait l’objet de beaucoup de discussions et cette année ils ont une nouvelle construction et de nouveaux mélanges. Pensez-vous qu’ils vous conviendront?
"Le plus important est de conserver la capacité que nous avions l’an dernier à bien gérer les pneus. C’est un des points clés que nous avons observé lors des essais mais je pense que ce sera un nouveau challenge de comprendre ces pneus. La clé est dans la philosophie de Pirelli. Nous comprenons néanmoins, que les pneus s’usent plus que l’an dernier ce qui laisse présager plus d’arrêts au stand en course. Nous devons encore les tester dans la chaleur. Jusqu’à présent, nous ne l’avons fait que dans le froid et ils ont été conçus spécifiquement pour les fortes températures, aussi nous devrions assister à quelques surprises."

Cette année, où se situent nos principales forces en piste?
"Je crois que nous avons gardé la force principale de la voiture de l’an dernier, qui était peu exigeante sur l’usure et la dégradation des pneus. Nous avons aussi montré notre capacité à réussir des temps sur un tour, ce qui est important dans l’optique des qualifications."

L’équipe se bat pour se placer devant. Comment se profile 2013 sur ce point et jusqu’où voyez-vous l’équipe aller?
"Nous avons un plan à long terme et un itinéraire défini pour arriver à l’avant de la grille. L’an passé, nous avons affiché des pics de performance et nous étions presque toujours devant ou tout près. Je crois que cette année nous serons encore plus près et un élément déterminant sera de maintenir ce niveau de performance pour lutter régulièrement pour les gros points et le podium. Dans le même temps, nous nous préparerons à Enstone pour la nouvelle ère de la Formule1 en 2014, avec les nouveaux moteurs et de profonds changements de règlements."

La saison 2013 n’a pas encore commencé mais déjà le team se projette sur les énormes modifications réglementaires pour 2014 …
"Vous avez raison. Nous continuons à le dire, ces changements vont créer une révolution dans le monde de la F1. Notre bureau de design a commencé à œuvrer sur la prochaine génération de voitures il y a quelques mois, mais demander aux ingénieurs d’anticiper ne sera pas suffisant si nous voulons être compétitifs en 2014. Pour y parvenir, nous devons définir un nouveau mode d’opération qui nous permette d’être beaucoup plus efficaces. Selon nous, pour être compétitifs à l’avenir, les teams de Formule 1 devraient oublier les méthodes qu’ils utilisent depuis des années et devraient se réinventer."

James Allison

Le Directeur technique, James Allison, nous livre son sentiment après les essais hivernaux, nous donne les raisons de son optimisme avant la saison et explique où la concurrence va faire rage.

Comment vous sentez-vous avant la nouvelle saison et quelles sont les vibrations données par la E21?
"Après trois sessions de tests, vous êtes un peu fatigué parce que cela représente presque trois Grand Prix d’affilée. Nous sommes un petit peu frustrés d’avoir perdu du temps de piste, mais nous sommes par ailleurs enthousiastes, optimistes et impatients d’amener la voiture à Melbourne et de voir ce que nous pouvons en faire."

Qu’avez-vous appris sur la E21 cet hiver et de quoi la croyez-vous capable?
"Dès Jerez, il a été évident que plusieurs teams sont performants. Je pense qu’il est clair aussi depuis les premiers essais que nous avons le potentiel pour en faire partie et le résultat de notre roulage ne fait rien pour nous en dissuader. Nous allons nous battre pour des podiums et aller chercher des victoires avec acharnement."

Le challenge proposé par les nouveaux Pirelli est-il énorme?
"Cela a fait la une des sujets de préoccupations, mais il faut bien se rappeler que les pneus représentent le même challenge pour tout le monde et qu’ils sont conçus pour faire la saison entière, pas la période des essais. Nous les avons aussi utilisés dans des conditions de température pas vraiment idéales, donc il est osé de tirer des conclusions sur la seule base de ce que nous avons vu pour l’instant. Lorsque la saison sera lancée, je pense qu’ils seront moins dramatiques, néanmoins je crois qu’ils joueront un rôle majeur dans le déroulement des premières courses."

Il a été beaucoup question d’une très forte dégradation. Est-ce un problème?
"Il faut replacer cela dans le contexte du lieu et du moment des essais. De toutes les pistes que nous fréquentons, Barcelone fait partie des plus abrasives et Jerez est peut-être la plus abrasive. Utiliser en hiver des pneus conçus pour l’été, sur une piste des plus abrasives, implique qu’ils ne se montreront pas sous leur meilleur jour. Malgré des conditions de piste et de climat loin d’être idéales, nous avons quand même réussi une simulation de course satisfaisante, aussi nous ne sommes pas trop inquiets. Lorsque les pneus rencontreront des surfaces moins abrasives et des meilleures conditions météo, ils se comporteront mieux. Oui, ils vont se dégrader, mais cela ne fera pas toute une histoire comme certains le prédisent. Et cela va rendre les courses excitantes."

Quel est le bénéfice pour l’équipe de continuer avec les mêmes pilotes?
"Il est certain parce que nous n’avons pas à nous préoccuper de détails à gérer avec les nouveaux pilotes, comme l’ajustement des sièges et des freins. Tout cela est loin derrière nous. Nos pilotes sont affutés et prêts à en découdre."

La E21 est-elle capable de rapporter un titre à Enstone?
"Ce n’est pas en dehors du champ des possibles. Apparemment, nous allons attaquer une saison extrêmement serrée d’après ce que nous avons observé jusqu’à maintenant. Selon nous, notre voiture n’a pas l’air mal en face de la concurrence et nous avons aussi une bonne équipe, avec de bons pilotes. Ce sera certainement plus serré que l’an dernier, mais il fallait s’y attendre au vu de la relative stabilité des règlements."

Verrons-nous le système DDRS en action?
"Nous nous en rapprochons, mais cela reste encore au stade de la gestation. C’est un concept très difficile à mettre en place. C’est un système passif, donc la force sur l’échange de flux n’est pas très importante. La difficulté consiste à produire un flux propre, répétable, suffisamment fort pour actionner l’aileron, mais nécessitant un aileron suffisamment robuste. C’est un casse-tête très délicat. Tout le monde en sera bien conscient lorsqu’il sera installé sur la voiture et fonctionnant à plein, je l’espère."

Apparemment, l’affaire des cartographies moteur n’aura été qu’une tempête dans un verre d’eau…
"Comme toute bonne équipe, nous avons cherché à pousser les limites pour voir ce qui était possible et ce qui ne l’était pas. Vous avez des règles, vous voulez découvrir où se situent les limites, vous le faites en posant des questions. Nous avons interrogé la FIA sur les possibilités, tout en testant en piste ce qui était l’objet de notre question. Le temps que la FIA examine le cas et dise ‘non, vous ne pouvez pas faire cela’, nous avions aussi constaté que cela ne sous satisfaisait pas vraiment, de toute façon !"

Dans votre esprit, à quoi ressemblerait un bon résultat à l’Albert Park?
"Ce serait une place en première ligne sur la grille et un podium à l’issue de la course. C’est certainement possible. "