6ème en 2007, 5ème en 2008, 2ème en 2009, l’équipe de Milton Keynes a enfin obtenue son premier titre de champion du monde lors de sa 14ème saison, tous propriétaires confondus. En 6 ans Red Bull a réussit un joli tour de force en transformant le petit félin Jaguar (qui avait racheté l’équipe à la famille Stewart à prix d’or en 2000) en un taureau ultra compétitif. Avec un staff inchangé, le même duo de pilotes et au vu de la fin de saison 2009, l’équipe était l’une des favorite pour le titre. Elle n’a pas déçu sur la piste la RBR surclassant ses rivales tout au long du championnat. Alors certes il y eu quelques problèmes de fiabilité, plusieurs errements des pilotes (j’y reviendrai) des stratégies pas forcément fantastiques, mais au final le titre leur est revenu. Retour sur le parcours 2010 de l’équipe. Vont-ils confirmer en 2011 avec un énième remaniement de la règlementation et avec des adversaires bien intégrés dans leurs équipes respectives ? Vettel peut il enchainer sur un 2ème titre ?

Dès les premiers essais il est apparu que la Red Bull était une machine très efficace. Bien équilibrée, souple, absorbant magnifiquement les vibreurs, son seul point " faible " était sa vitesse de pointe nettement inférieure à la McLaren qui disposait à la fois du moteur Mercedes et du F-Duct. Barhein confirma cette impression avec Vettel en pôle et Webber dans le top 6 en qualif. Mais en course l’avantage de la Red bull semblait beaucoup moins important (ce qui se vérifiera pratiquement toute la saison), Alonso harcelant Vettel, avant que la fiabilité ne vienne offrir la victoire à l’espagnol sur un plateau. Rebelote à Melbourne ou Vettel avait course gagnée. 35 points perdus en 2 courses à cause de la fiabilité, on a déjà vu des championnats perdus à cause de ce genre de mauvais débuts de saison (McLaren en 2000 et en 2005 par exemple). Dès lors la réputation de la monoplace était faite : très rapide, l’équipe avait sacrifié sa fiabilité au détriment de la performance… Et dans le paddock, on commentait abondamment que c’était une monoplace typique d’un Newey qui n’était plus bridé par un Head du temps de Williams, par un Coughan du temps de McLaren ou de Geoff Willis qui quitta l’équipe peu avant le début de l’année. Pourtant la course suivante dans la fournaise de Kuala Lumpur offrit à l’équipe son premier doublé de la saison, signe que l’équipe sut réagir rapidement. La suite fut parfaite, la monoplace courant sous licence autrichienne domina chaque course exception faite de Hockeinheim, Monza, Singapour et éventuellement Spa. Mieux, une fois équipée du F-Duct, elle combla la majeure partie de son retard en vitesse de pointe et fut jusqu’à une seconde pleine plus vite en qualif que ses plus proches rivales. Si les bourdes des pilotes et la scandaleuse stratégie de Ferrari (qui quoi qu’on en dise à ouvertement bafoué le règlement en Allemagne) ont faillit priver l’équipe du titre pilote, l’issue du championnat constructeur ne faisant aucun doute au soir de Singapour.

Ainsi donc Vettel devient le plus jeune champion du monde de F1. Premiers grands prix en 2007 (avec à la clé ses premiers points), première victoire en 2008, en lice pour le titre en 2009, l’allemand connait le même début de carrière qu’un certain Schumacher. Et il fut de loin le plus rapide cette saison, malgré un petit passage à vide vers la mi-saison. Mais entre les soucis de fiabilité, bougie à Barhein, freins en Australie et en Espagne, moteur en Corée (à chaque fois, il était en tête) ainsi que ses bourdes, à Silverstone, à Spa mais surtout en Turquie ce qui sembla affecter ses performances lors des courses suivantes, Sebastian sembla même un temps écarté de la lutte pour le titre. Puis sur la fin de la saison il retrouva toute sa verve pour coiffer la couronne au nez et à la barbe d’Alonso. Nul doute qu’il sera libéré d’un poids en 2011 et qu’il saura trouver une certaine sérénité maintenant que son objectif a été atteint ; un échec au championnat pour la seconde année consécutive aurait pu avoir de fâcheuses conséquences sur son mental.
Webber lui a étonné en 2010, alternant le bon et le nettement moins bon… La plupart des observateurs le voyait copieusement dominé par Vettel, pourtant il lui a magnifiquement résisté, au point d’être un temps favori pour le titre. Le grand Mark a mal débuté sa saison en étant dominé systématiquement par Vettel. A Barhein, il ne peut que lutter pour la 5ème place quand son équipier mène. A domicile, " le boucher du bush " touche le fond. Performance quelconque, nervosité et finalement il rentre dans le train arrière d’Hamilton en freinant trop tard alors qu’Alonso lui mettait la pression. Une nouvelle fois dominé en Malaisie, il est toutefois assez rapide pour permettre à Red Bull de signer son premier doublé 2010. Puis après un grand prix de Chine calamiteux, soudain le déclic. Inexplicable. Webber se montre à la fois très rapide et régulier. Il domine complètement ses adversaires à Montmelo, à Monaco et est en tête en Turquie avant l'incident de l'année. Une mauvaise stratégie le prive de lutter pour la victoire au Canada. Puis à Valence, il survole à nouveau... mais la piste dans un spectaculaire accident alors qu'il prenait un tour à Kovalainen. Il se vengera en remportant le Grand Prix de Grande Bretagne malgré la polémique de l'aileron avant donné à Vettel. Après un week end allemand en demi teinte (8 points tout de même), il reprend sa marche en avant en gagnant en Hongrie, en terminant 2ème à Spa, 6ème en Italie, 3ème à Singapour.. Webber semble sur orbite, d’autant plus que contrairement à Vettel, sa machine ne le trahit jamais et malgré la montée en puissance d’Alonso sa Red Bull reste la meilleure F1. Et puis brusque retour sur terre. Au brésil comme au Japon il donne tout, mais Vettel est plus rapide. En Corée il subit une fois de plus la loi de son équipier en qualifications. Pas très grave vu son avance au championnat, il peut se permettre de gérer et de terminer sagement derrière. A-t-il voulu attaquer à outrance pour montrer à son équipe qu’il méritait le statut de N°1 pour la fin de la saison ? Lui seul le sait… Toujours est il qu’incapable de suivre le rythme de Vettel sur une piste détrempée, il se sort tout seul comme un grand emportant le pauvre Rosberg lorsque sa folle monoplace traversait la piste. Des conditions pas idéales pour aborder une ultime et décisive dernière manche. Dès les essais libre Webber est en retrait. On le sent tendu. En qualif, il semble dépassé par la pression et rend près de 5 dixièmes à Vettel et se retrouve dernier des pilotes encore en lice pour le titre. Sa course sera du même tonneau, particulièrement terne. Ravitaillant très tôt, jamais il ne put remonter et quand Alonso attaquait Petrov et se faisait déventer, jamais il ne put se rapprocher suffisamment pour tenter une attaque. 7ème place, pas mieux qu’à Barhein et titre perdu. Retour à la case départ ? Probable. Red bull ne l’a jamais vu comme un champion du monde potentiel et il vient à 33 ans de gâcher sa probable seule chance d’être titré. Malgré son expérience (en F1 depuis 2002) il n’a pas fait montre de la régularité que l’on attend d’un tel pilote. En un sens sa saison 2010 rappelle celle de Ralf Schumacher de 2003 ou celle de Massa en 2008. Quand tout allait bien, il était imbattable. Mais dès qu’un grain de sable enrayait la belle dynamique, tout s’écroulait. Et malgré les chiffres du championnat, Vettel l’a copieusement dominé. Pas une seule fois sa monoplace ne l’a trahit en 19 courses. Celle de vettel lui a fait perdre plus de 50 points (60 points exactement d’après mes calculs avec Barhein, Melbourne et la Corée et encore sans compter la bévue Turque de Vettel ou Webber s’en sort bien en marquant 15 points alors que Vettel a piteusement abandonné alors qu’il allait reprendre des points à Mark). Aura-t-il une autre chance de couronne ? Difficile à dire mais peu probable. Trop faible sous la pression et dans le peloton Webber fait un excellent second pilote, capable de prendre de précieux points à ses adversaires, vainqueur potentiel de chaque course, mais au final il lui manque ce petit quelque chose de pointe de vitesse qu’ont les champions du monde. Et suite à ses révélations, sur son épaule abimée, pas sur que Red bull lui fasse énormément confiance à l’avenir. 2011 sera cruciale pour lui. Soit il bat parfois Vettel et il pourra espérer rester dans l’équipe autrichienne (on le voit mal aller ailleurs, McLaren affiche complet, chez Ferrari si Massa part, Kubica semble le mieux placé pour lui succéder et chez Mercedes si Schumacher devait partir, Heidfeld et Hulkenberg seraient largement préférés) qui compte de nombreux et talentueux jeunes pilotes; soit il est largement dominé et son contrat ne sera aps renouvellé… Alors il lui restera 2 solutions pour 2012 : la retraite ou un baquet dans une équipe comme Lotus, Sauber ou Force India, Williams étant exclue des équipes potentielles suite à ses mauvaises performances au sein de l’équipe de Grove en 2005 et 2006.


Pour l’équipe 2011 sera aussi une année importante. Seule la grande " dream team " Ferrari de Schumacher a pu jouer récemment le titre 3 saisons de suite (et même 8 saisons entre 1997 et 2004). Auparavant McLaren l’avait fait de 1998 à 2000 et Williams de 1991 à 1997. Depuis 2004 ni Renault ni McLaren ni Ferrari n’ont pu réitérer cette performance… Les changements de règlements sont à double tranchant pour Red Bull en 2011. D’un côté elle possède le meilleur aérodynamicien qui a toujours brillé quand tout le monde devait revoir sa copie. D’un autre côté, contrairement à ses principales rivales, Red Bull n’a absolument aucune expérience du KERS… Enfin beaucoup de choses vont dépendre de l’adaptation aux pneus Pirelli. Bref, il est difficile de faire un pronostic pour 2011 avant la fin des derniers essais d’intersaison, même pour la meilleure équipe 2010. C’est ça la magie de la F1.